Certains constructeurs automobiles ont pendant longtemps vendus des véhicules en expliquant que leur nouvelle boîte automatique « dernière génération » était sans entretien et que l’huile était « à vie » !!!
N’ayons pas peur des mots : Ceci est la plus grosse escroquerie qu’aient pu affirmer les constructeurs automobiles !!
Chez Docteur BVA, nous voyons tous les jours les conséquences de cette contre vérité et nous ne comptons plus les clients surpris quand nous leur disons : « Oui bien sûr votre boîte DOIT se vidanger ! ».
Les deux principes de base à retenir sur l’entretien des boîtes automatiques sont pourtant simples :
- Tous les concepteurs et fabricants de boîte automatiques recommandent des vidanges tous les 60 à 100.000 km.
- Une « Huile à vie » est scientifiquement et techniquement IMPOSSIBLE dans une boite automatique
A noter que ces principes sont valables pour TOUTES les boîtes automatiques et boîtes robotisées (dont les fameuses boîtes doubles embrayages DSG). Les seules boîtes qui échappent à cette règle sont les boîtes robotisées avec embrayages à sec (comme par exemple les boîtes DSG7/DQ200, ou certaines boîtes double embrayages Getrag).
Entretien des boîtes automatiques : Ce qu’en disent les concepteurs et fabricants
Peu de gens le savent, mais très peu de constructeurs automobiles conçoivent et fabriquent leurs propres boîtes automatiques. En Europe, seul Mercedes conçoit et fabrique ses propres boîtes (et encore pas toutes). Même VAG qui se présente comme l’inventeur de la boîte DSG s’est en fait appuyé sur l’expertise de spécialistes de la transmission pour concevoir sa première DSG 6.
La plupart des constructeurs s’adressent ainsi des spécialistes comme les européens ZF et Getrag ou encore les asiatiques comme AINSI pour leur fournir des boîtes automatiques adaptées à leurs véhicules.
En termes d’entretien de leurs boites que disent donc les concepteurs et fabricants des boîtes qui équipent votre BMW ou votre Renault ? La réponse est simple : vidanges recommandées entre 60 et 100000 km suivant le modèle de boîte et l’utilisation du véhicule.
Voici par exemple ce que dit ZF qui fournit à BMW la quasi-totalité de ses boîtes automatiques :
Extrait de la documentation officielle ZF
En synthèse, tout en disant que les 5 à 9 rapports ne « nécessitent aucune maintenance », ZF recommande néanmoins d’effectuer une vidange pour toutes ses boîtes entre 80 et 120.000 km ou 8 ans « en fonction de la sollicitation ». Or il faut bien avouer que les conditions de fonctionnement « extrêmes » ne semblent pas si extrêmes et rare à rencontrer que ça !! Finalement c’est un peu comme si on vous disait : « si vous utilisez votre BVA en descente alors elle est sans entretien ! ». Plus sérieusement, il est évident que ZF est prudent et invite à vidanger ses boîtes régulièrement !
Cet exemple des boîtes ZF sur les BMW est édifiant car, ce constructeur s’entête à affirmer que ses boîtes sont « sans entretien » et ne nécessitent pas de vidange !! Ignorance ou stratégie commerciale frisant avec l’escroquerie ???
Huile « à vie » : De qui se moque-t-on ?
Plus on acquiert expérience et expertise dans un domaine, plus on réalise que le marketing peut parfois avoir une fâcheuse tendance à un peu trop prendre ses aises avec la réalité scientifique, technique, et pratique des choses … Ce jour là, on se demande quel brillant stratège en marketing a bien pu « pondre » une idiotie aussi énorme que « l‘huile à vie » ?!!
Si on veut bien considérer les choses du côté de la réalité scientifique, technique et pratique que peut-on dire au sujet de l’huile dans les boîtes automatiques :
La réalité scientifique : Toutes les huiles se « détériorent » avec l’usage et le temps
Voici ce qu’explique un expert scientifique des huiles en préambule d’un long article sur les propriétés et l’analyse de la dégradation des huiles :
Les huiles ont une durée de vie finie. Elles finissent par se dégrader et/ou être contaminées et doivent être changées. Les lubrifiants sont constitués d’une huile de base qui peut être minérale ou synthétique. …..
….. L’autre composant d’un lubrifiant est constitué́ d’un ensemble d’additifs. Il s’agit de vingt produits chimiques, ou plus, que la raffinerie mélange à l’huile de base pour qu’elle convienne à la tache prévue. La plupart des additifs sont de type sacrificiel c’est-à-dire qu’ils s’épuisent au fur et à mesure de la vie utile de l’huile. Durant l’utilisation de l’huile pour lubrifier une pièce de machine, les additifs s’appauvrissent et se désactivent et finalement, l’huile s’use et doit être remplacée.
Source : John Evans, directeur du diagnostic chez WearCheck : Spécialistes du contrôle de l’état des machines http://www.wearcheck.co.za/shared/TB%2052%20F.pdf
La leçon et le message est simple à retenir : les huiles se dégradent avec le temps et l’usage. Une huile « à vie » est donc une imposture scientifique.
La réalité technique : Dans une boite automatique, l’huile se charge en « contaminants » qui détériore le bloc hydraulique.
Pour beaucoup de novices, une boîte automatique se résume à une boîte « noire » qui passe les vitesses toute seule…
Si certains amateurs éclairés ou professionnels ont entendu parler de convertisseur de couple ou mieux de mécatronique, très peu de personnes (même chez les professionnels) savent réellement comment marche une BVA et ni même tout simplement ce qu’il y a « dedans » !!! Et malheureusement, il y a des chances que cela soit le cas de votre garagiste ou concessionnaire préféré. Mais pas d’inquiétude si vous tombez en panne, il y a heureusement des experts de la boîte automatique comme Docteur BVA qui seront en mesure de vous aider !
Le principe de fonctionnement des boîtes automatiques modernes repose sur un système complexe d’huile sous pression avec des conduits multiples, des électrovannes, des pistons, des embrayes, ou encore des freins et le tout piloté par un calculateur.
Les points importants à retenir sont les suivants :
- En interne, une boîte automatique est composée d’un ensemble de plusieurs embrayages et d’un bloc hydraulique avec calculateur (le mécatronique) pilotant la pression sur ces embrayages.
- Huile d’une boîte automatique sert à appliquer la pression requise sur les embrayages mais également à les refroidir.
Si on regarde le circuit d’huile dans une boîte automatique voilà toutes les pièces dans laquelle elle circule (zones en vert et blanc pour le refroidissement et le retour à la pompe):
En clair, la même huile passe successivement dans : la pompe à huile, le convertisseur, le bloc hydraulique, les embrayages, le circuit de refroidissement pour enfin retourner dans la pompe à huile.
La conséquence de cela est simple :
- Plus vous roulez, plus l’huile se charge en matière de friction (en provenance des embrayages) et limaille (toutes les pièces en mouvement : pompe à huile, planétaires, roulements…)
- Cette huile chargée en contaminants passe dans le bloc hydraulique qui est composé d’électrovannes et de pistons….
Les conséquences directes de l’envoi dans le bloc hydraulique d’huile chargée en matière de friction sont :
- Des électrovannes qui se détériorent (perte de réactivité et/ou progressivité dans leur pilotage) jusqu’à potentiellement se bloquer.
- Des pistons victimes d’abrasion interne et donc de perte de pression.
Le schéma ci-dessous montre à quoi ressemble un piston de bloc hydraulique de boîte automatique et tous les endroits où l’abrasion peut générer des pertes de pressions (croix vertes).
Or une perte de pression au niveau d’un piston de bloc hydraulique va induire des phénomènes d’à-coups ou de patinage des embrayages, qui vont en conséquence libérer plus de matière de friction dans l’huile et ainsi amplifier encore plus le problème …
La conséquence de ce fonctionnement est sans appel : plus un véhicule roule, plus l’huile se charge en particules et plus le risque de détérioration du bloc hydraulique augmente.
La réalité pratique : A quoi ressemble une huile de boite automatique à 120000 km ?
Chez Docteur BVA, nous vidangeons des boîtes automatiques tous les jours. Nous avons donc l’habitude de voir à quoi ressemble une huile de boite après 60, 120 ou même 300 000 km. Et il n’est vraiment pas besoin d’attendre bien longtemps pour constater « de visu » qu’une huile se charge très vite en contaminants.
Dés 60000 km les huiles sont noires (chocolat pour les plus « claires ») et font apparaitre de visu de très nombreuses particules. C’est la fameuse « limaille » qui permet à beaucoup de déclarer sans hésitation : « Votre boîte est morte ». Nous reviendrons sur ces affirmations de débutants dans un autre article, mais il faut retenir une chose simple :
Dés 50000km, une huile de boîte de vitesse automatique est déjà très fortement chargée en particules.
Ceci est une évidence technique, qui se vérifie dans les faits et il n’y a rien qui puisse être fait contre ! Au final, la meilleure et seule recommandation pour maintenir sa boîte en état est donc de la vidanger en respectant un intervalle de 60 à 80.000 km maximum.
Pour vous faire une idée d’huiles de boite automatiques après utilisation, voici quelques photos qui parlent d’elle-même :